L’École Jean Trubert propose des formations certifiantes…

Le saviez-vous :  L’École Jean Trubert propose des formations certifiantes. Formez-vous et obtenez une certification professionnelle de dessinateur de BD ou illustrateur reconnue par l’Etat !

Les formations professionnelles de dessinateur·trice BD et illustration accessibles sur Moncompteformation.gouv.fr !


Le saviez-vous :  L’École jean Trubert / Arc en Ciel propose des formations certifiantes que vous pouvez financer directement avec vos droits acquis CPF sur la plateforme Mon Compte Formation. Quelles sont les formations concernées et comment s’inscrire à une session en ligne ? On vous dit tout.

Formez-vous et obtenez une certification professionnelle de dessinateur·trice de BD ou illustrateur·trice reconnue par l’Etat !

École Jean Trubert / Arc en Ciel

L’École Jean Trubert propose des formations certifiantes que vous pouvez financer directement avec vos droits acquis CPF sur la toute nouvelle plateforme Mon Compte Formation.

Construisez votre projet de formation personnalisé en tenant compte de vos acquis et développez des compétences professionnelles à votre rythme. Avec les conseils de l’un des responsables pédagogiques, choisissez votre formule en fonction du temps dont vous disposez, de votre parcours et de votre projet personnel.

La formation continue de L’École Jean Trubert cumule 202 heures de formation pour obtenir un diplôme professionnel de dessin et illustration de niveau III (BTS, DUT). Ce cycle d’études complet en accéléré est également éligible au financement avec vos droits CPF sur le site www.moncompteformation.gouv.fr
Idéale dans le cadre d’une reconversion professionnelle ou pour pouvoir se lancer rapidement en tant que dessinateur à son compte, cette formation diplômante accélérée apporte toutes les connaissances et compétences nécessaires au métier d’illustrateur et dessinateur de BD. Elle aborde tous ses aspects techniques, culturels et numériques jusqu’à la préparation au statut d’artiste indépendant par la mise en situation professionnelle.

Comment s’inscrire à une session de formation en ligne en utilisant ses droits acquis ?

Pour s’inscrire à l’une de nos formations sur moncompteformation.gouv.fr, c’est très simple :

  1. Vous créez votre compte à l’aide de votre numéro de sécurité sociale et de votre mot de passe. Vous pouvez ainsi consulter le montant des droits formation (ex CPF) que vous avez acquis lors de vos précédentes expériences professionnelles. Si vous avez été salarié avant 2015, n’oubliez pas d’y reporter vos heures de DIF.

2. Dans « rechercher une formation », tapez la requête « auteur BD » ou « dessinateur » ou “Bande dessinée“. Les formations de L’École Jean Trubert apparaissent.

3. Choisissez la session qui vous intéresse en cliquant sur « s’inscrire à cette session »

4. Remplissez ensuite le formulaire avec les informations demandées et envoyez votre demande.

5. L’établissement accuse réception sous 48h et soit valide votre inscription directement, soit prend contact avec vous.
Une fois votre inscription à une session validée, vous avez 4 jours pour mobiliser vos droits affichés sur votre compte formation. En cas de reste à charge, vous pourrez payer le complément par carte bleue directement sur le site en ligne.

6. Vous êtes prêts à vous former !

A tout moment, n’hésitez pas à nous contacter directement pour obtenir plus d’informations sur le contenu des formations, les dates des différentes sessions, et toute question relative à votre parcours professionnel !

Dessinateur de BD : l’action et le mouvement

Entretien avec Eric Chabbert, dessinateur professionnel et enseignant dans la section BD de l’École Jean Trubert

Comment devenir dessinateur de Bande Dessinée ?
Est-ce un rêve encore accessible aujourd’hui et comment se donner les meilleures chances de réussir ?  
Eric Chabbert, Dessinateur professionnel et enseignant à l’école Jean Trubert depuis plusieurs années, nous livre les ficelles d’un métier de passion, évolutif et pleinement épanouissant.

Vous avez aujourd’hui une belle carrière en tant que dessinateur de BD. Vous préparez la sortie du dernier album de Shadow Banking en janvier 2019, avez dessiné entre autres les séries Dr Monge, Nova Genesis et New Byzance pour les Uchronie(s). Comment vous êtes-vous formé à la bande dessinée au départ ?

Eric Chabbert – Je dessine depuis tout  petit. De 7 à 17 ans j’ai toujours dessiné, créé des histoires. Je m’inspirais de mes lectures, des personnages qui me plaisaient graphiquement. Par exemple, j’avais un personnage qui ressemblait à Rahan et pour lequel j’ai conçu plusieurs aventures.

Vos proches vous ont-ils encouragé dans cette voie ?

EC – C’était mon rêve mais pas forcément celui de mes parents, surtout qu’à l’époque à part à Angoulême, il n’existait pas vraiment d’école de Bande dessinée. Les Ecoles d’art menaient plus vers l’illustration que vers la BD.
J’ai donc un parcours plus classique : j’ai fait Hypokhâgne, Khâgne ainsi qu’une licence de philosophie puis une Ecole de commerce.
C’est à l’issue de cette formation que j’ai décidé de revenir au dessin en intégrant l’académie Charpentier qui prépare plus à la communication visuelle et à l’architecture d’intérieur. Je me suis dirigé ensuite vers la publicité et suis devenu directeur artistique chez Saatchi & Saatchi.

Comment avez-vous opéré un glissement vers le métier de dessinateur de BD professionnel ?

EC – Ma passion pour la BD ne m’a jamais quitté. C’est en gagnant un concours organisé par le journal Vécu  que j’ai été contacté par les éditions Glénat. Cela m’a mis le pied à l’étrier. J’ai vraiment commencé en dessinant la série Docteur Monge  en collaboration avec le scénariste Daniel Bardet, ma première BD éditée. Grâce à cette série, les autres projets et commandes se sont enchaînés et j’ai pu réaliser mon rêve.

Quels sont les apprentissages les plus importants selon vous pour devenir un bon dessinateur de BD ?

Le métier de dessinateur de Bande dessinée va bien au-delà du dessin. On doit maîtriser les bases techniques : l’anatomie, la perspective, le décor mais surtout mettre en scène. Il faut d’abord réaliser son casting, le look des personnages, leurs costumes.
Ensuite, à partir du scénario, vous créez le storyboard, le cadrage, la composition de l’image, l’angle de vue…

Vous employez des termes de cinéma…

EC – Oui c’est tout à fait ça. L’artiste doit s’impliquer entièrement, pour créer l’action, le mouvement, comme un réalisateur.

 Outre un talent naturel et ces apprentissages techniques et artistiques, quelles sont selon vous les qualités à avoir pour exercer le métier de dessinateur de BD ?

EC – Je dirais qu’il faut être tenace, persévérant, endurant. Faire de la bande dessinée, être édité ponctuellement c’est une chose, mais pour en vivre il ne faut pas ménager ses efforts. Après, si l’on a la volonté d’y arriver, que l’on ne renâcle pas au travail et que l’on aime relever des défis, c’est un métier exaltant, on ne s’en lasse pas.

Y a-t-il de la place pour tous les genres sur le Marché de la Bande dessinée aujourd’hui ?

Oui, il y a des modes mais l’offre est de plus en plus conséquente chaque année dans tous les styles : les romans graphiques, la BD  classique, les Mangas, et l’on note en ce moment une forte progression des Comics.

Qu’est-ce qui vous a manqué dans votre formation que vous pouvez transmettre aujourd’hui aux jeunes qui rêvent de devenir dessinateurs de BD ?

EC – Les débuts n’étaient pas forcément évidents, c’était un apprentissage d’autodidacte, sur le tas. J’avais parfois des collègues qui me donnaient des conseils techniques, mais je ne connaissais rien des réalités professionnelles du milieu de la Bande dessinée.
Ce sont tous ces conseils, « trucs » du métier que je peux aujourd’hui transmettre à mes élèves de façon très concrète grâce à mon expérience, même si la bande dessinée demeure un marché assez opaque et très évolutif.

Des exemples concrets ?

EC – Par exemple, je leur montre l’importance de la planche originale,  très différente de  la version imprimée de l’album. Je mets l’accent sur les techniques d’encrage et tout ce que l’on va leur demander réellement.
Je peux leur parler des prix du marché. A l’Ecole Jean Trubert, les élèves réalisent en fin de cursus une étude de marché qui leur permet de cibler les différentes maisons d’édition. J’aurais aimé être accompagné de cette manière lorsque j’ai démarré dans ce métier.
Il y a enfin toute la culture BD que n’ont pas certains jeunes qui arrivent à l’Ecole. On essaye de les intéresser à l’Histoire de la BD, à des classiques qu’ils ne connaissent pas forcément. Un élève m’a  remercié pour lui avoir fait découvrir les Métal Hurlant  qu’il est parvenu à se procurer et qu’il a dévorés. Ce sont de vraies satisfactions en tant qu’enseignant et passionné.

Qu’est-ce qui s’apprend et qu’est-ce qui ne s’apprend pas ?

EC – Pour réussir, il faut être curieux et aujourd’hui, savoir communiquer et bouger, peut-être plus qu’hier. Il sera sans doute plus compliqué pour un élève même talentueux de réussir avec une personnalité très réservée. Mais l’Ecole le prépare aussi à cette ouverture.

Peut-on réussir en tant que dessinateur de BD sans se former ?

EC – Oui, sans doute. Mais l’école est vraiment un accélérateur. On y apprend toutes les bases techniques, souvent on y découvre son style ou le fait évoluer.
C’est là aussi que l’on commence à créer son réseau, grâce aux associations d’anciens élèves, aux professeurs, aux événements BD.

A l’École Jean Trubert, les élèves font des déplacements sur le festival d’Angoulême, l’Ecole est reconnue pour sa qualité de formation et partenaire de différentes maisons d’édition : cela donne aux étudiants des occasions de rencontrer des professionnels, d’approcher des éditeurs.

Nous-même, en tant qu’enseignants, nous pouvons amener nos élèves ou anciens élèves à travailler sur des commandes. Le travail à fournir au sein de l’école correspond vraiment à ce qui va être demandé à la sortie par les Editeurs.

Si vous deviez convaincre un jeune lycéen à s’inscrire à l’école Jean Trubert en section Bande dessinée, que lui diriez-vous ?

EC – C’est une école sérieuse qui aborde tous les domaines avec une équipe pédagogique constituée de professionnels expérimentés. Tous les styles de BD y sont représentés. C’est la création qui est d’abord encouragée, mais surtout le cursus prépare vraiment au monde professionnel.

Propos recueillis par Marie Pouliquen.

Comment aborder un événement historique en BD ? L’art du compromis à travers l’exemple d’Immortels !

Dans son ouvrage Immortels ! L’ancienne élève de l’Ecole Jean Trubert, Camille Ledigarcher revient en bande dessinée sur des événements historiques tragiques : la fusillade de 48 otages à Châteaubriant, Nantes et au Mont-Valérien le 22 octobre 1941.
L’exécution a eu lieu sur ordre d’Hitler, en représailles de l’assassinat du chef de la Wehrmacht à Nantes.

Les victimes, internées dans des camps pour des actions de résistance ou d’activisme communiste, ont ainsi vu leurs vies sacrifiées pour un crime qu’elles n’avaient pas commis.
Parmi elles, on retrouve des figures connues comme le jeune Guy Mocquêt, 17 ans, le syndicaliste Jean-Pierre Timbaud ou le député Charles Michels.

Les otages de Chateaubriant

Cette commande institutionnelle* destinée aux musées de la Résistance, aux mairies et écoles de Loire-Atlantique répond à 2 objectifs principaux :

  • Le devoir de mémoire

L’album rend hommage à ces hommes qui ont existé, morts en résistant pour la France Libre. L’ouvrage relate également l’impact que ces événements ont eu sur la suite de la guerre et comment elles peuvent faire écho à d’autres luttes aujourd’hui.

  • La mise en forme BD destinée à rendre ces événements accessibles au plus grand nombre

… Et plus particulièrement au jeune public. La bande dessinée permet de redonner vie à ces personnes par la mise en image et le dialogue, de mettre en valeur leurs idéaux. Elle oblige son auteure à trouver l’équilibre entre faits historiques, action, émotion et espoir.

Mener à bien ces missions au sein d’un même ouvrage peut s’avérer particulièrement complexe. L’auteure Camille Ledigarcher a accepté de nous révéler certains de ses secrets de fabrication.

Quelles ont été les principales étapes pour passer de l’Histoire à la BD ?

Lorsqu’on aborde une commande sur des faits réels et des personnes ayant existé, la difficulté principale est de parvenir à défendre des choix artistiques tout en sachant que l’ouvrage à des visées institutionnelles.

En général, le donneur d’ordre va chercher une reconstitution du réel sans forcément anticiper les aspects scénaristiques et l’importance de choisir un angle.
On doit parfois laisser de côté certains aspects factuels pour garder le même point de vue.

1 – Proposer un scénario et le faire valider

Pour construire cette histoire, il a ainsi fallu élaborer un scénario, choisir les figures de héros les plus emblématiques parmi les 48 otages, et trouver des points d’accord sur la façon d’aborder le sujet : l’angle choisi ici sera celui des otages « vus de l’intérieur », de leur vie dans les camps, de leur solidarité et de la force de leurs convictions.

C’est cette force qui leur permettra d’affronter leur destin tragique dans la dignité et avec un esprit de résistance intact, comme en témoignent les derniers courriers à leurs proches fidèlement retranscrits dans la BD.

2 – Se documenter de façon rigoureuse

L’Histoire ne donne pas droit à l’approximation, sur les faits, les dates, les noms, les lieux. En ce sens, une telle commande nécessite de longues heures de préparation.
Camille a ainsi visité les lieux où se sont déroulés les événements d’Immortels ! , a lu les textes des témoins et résistants de l’époque comme l’ouvrage de Fernand Grenier – « Ceux de Châteaubriant», et le texte d’Aragon « Le témoin des martyrs » qui relate les derniers instants avant la fusillade. Tous les éléments historiques qui apparaissent dans l’ouvrage ont ensuite été validés par un historien.

3 – Faire un travail de synthèse et de reconstitution du réel

Une fois  l’ensemble des faits historiques et leurs conséquences validés, il a fallu créer tout ce qui rend l’histoire vivante : les détails du quotidien à cette époque.
En l’occurrence, les vêtements, les véhicules, les uniformes, les armes utilisées, mais aussi imaginer des liens et des dialogues entre des personnes qui a priori ne se connaissaient pas.

Pour cela, Camille s’est appuyée sur les propres écrits des anciens otages. Elle a dû retranscrire leur façon de parler, porter attention à tous les détails, être au plus proche de leur réalité.
Afin de faire revivre des personnages dont le visage était connu et par respect pour leurs familles, il a fallu également s’inspirer des photos existantes des victimes, souvent des portraits uniques et ne présentant qu’un seul profil.

4 – Apporter de la poésie et assumer des choix artistiques pour créer un recul nécessaire face au drame


Dans un cas comme  Immortels ! , le drame et la tragédie sont une toile de fond qui nécessitent une mise à distance pour que les lecteurs ressentent aussi l’espoir et la solidarité qui règne dans les camps, que l’album ne prenne pas un tour trop sombre.
Afin d’apporter ce recul, Camille Ledigarcher a pris le parti d’intégrer la faune de la région – papillons, libellules, grenouilles, oiseaux … – dans les images.

Leur présence apporte de la poésie et de la vie, accompagne les lecteurs comme témoins des événements et appuie le propos par leur force symbolique, comme l’envol des corbeaux au moment des fusillades.

Camille a également décidé d’intégrer le poème « Les Fusillés de Châteaubriant» de René-Guy Cadou et d’autres textes littéraires disséminés tout au long du récit dans ce même esprit d’apaisement en alternance avec des moments d’action ou d’émotion pures.


S’il y avait un conseil à retenir pour traiter ce type de commande institutionnelle ?

L’aspect créatif relatif à la mise en images et à la transposition de l’Histoire en scénario n’est pas forcément évidente pour les organismes qui sont à l’origine de commandes institutionnelles. C’est donc à l’artiste de défendre ses choix.
Cela nécessite une affirmation de soi forte, sans laquelle l’ouvrage pourrait devenir un documentaire ennuyeux et perdre en émotion. 

Propos retranscrits par Marie Pouliquen – Un grand merci à Camille Ledigarcher pour son temps et ses précieux conseils !

Vous souhaitez découvrir et lire Immortels ! ? Retrouvez la BD dans la boutique BD Geek , les musées de la Résistance et les lieux historiques de Loire-Atlantique comme le Château-Musée de Nantes.

*L’album  Immortels ! a été réalisé sur commande du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure
La mise en couleur a été réalisée par Gaëlle Richardeau, également ancienne élève de l’Ecole Jean Trubert.